Contexte
En 1914, à Cologne, le pavillon de verre fait sensation à la Deutsche Werkbund, exposition présentant innovations techniques et architecturales. Son auteur, Bruno Taut est alors au fait de son oeuvre. Né à Königsberg (Allemagne) et mort le 24 décembre 1938 à Istanbul, il est le représentant d’une architecture expressionniste puis moderniste caractérisée par un usage rare et décomplexé de la couleur qui lui est propre.
ARCH+ revient, à l’occasion de son 194e numéro, sur cette figure historique de l’architecture allemande et rapproche volontiers l’oeuvre polychrome de Bruno Taut à celle, plus récente, de Sauerbruch Hutton.
Nikolaus Kuhnert: Commençons par le point le plus évident: Bruno Taut est célèbre pour son architecture colorée. Votre architecture polychrome vous a vous-mêmes rendu célèbres. Votre travail est-il lié à la conception qu’avait Bruno Taut des couleurs ?
Matthias Sauerbruch: La question nous est sans cesse posée. Tantôt il s'agit de Bruno Taut, tantôt d’Itten Johannes*, parfois de Le Corbusier. La réponse est toujours la même: nous n’étudions pas dans notre travail le sens d’un modèle et de ses précédents historiques. Nous ne poursuivons pas l’analyse scientifique d’un système ou d’un enseignement des couleurs dans le but de l’appliquer. Pour autant, d’aucuns peuvent nous rapprocher davantage de l’utilisation atmosphérique, peu orthodoxe, de Bruno Taut que des systèmes fixes de couleurs de Itten ou de Le Corbusier.
Louisa Hutton: Les ensembles conçus par Taut comme celui de Falkenberg sont d’une fraicheur incroyable. Hier encore, nous étions éblouis par la cité Onkel Toms Hütte. A mesure que vous avancez le long de la rue, une ambiance colorée, faite d’oppositions et de différences se dégage. L’effet est fantastique.